Les antibiotiques, nouvelle arme contre le cancer : la découverte britannique qui pourrait tout changer !
Un chercheur scientifique américain a lancé de nouvelles études concernant le traitement du cancer par les antibiotiques.
Les résultats pourraient être encourageants.
Mais si l'étude est encore au stade de la recherche, l'idée elle, n'est pas si nouvelle que cela.
Les résultats pourraient être encourageants.
Mais si l'étude est encore au stade de la recherche, l'idée elle, n'est pas si nouvelle que cela.
Le professeur Michael Lisanti, directeur de l'unité Breakthrough Breast Cancer à l'université de Manchester, a eu l'idée, suite à une suggestion de sa fille, de tester les effets de certains antibiotiques courants sur les cellules cancéreuses.
Les résultats se sont montrés encourageants : 4 antibiotiques sur 5 testés sur des cellules de 8 types de cancers se sont révélés actifs.
Nicole Delépine |
En quoi s'agit-il d'une piste intéressante ?
Nicole Delépine : Cet article est à la fois utile et affligeant.
Je le commenterai volontiers car c’est ce genre de papiers qui se diffusent rapidement sur internet donnant de faux espoirs aux patients.
Il importe de stopper ces prétendues grandes nouvelles répandues en règle par les chercheurs pour obtenir de nouveaux crédits de recherche.
Utile puisqu’il rappelle une vérité scientifique établie : certains antibiotiques sont capables de traiter le cancer, sans le guérir seuls néanmoins.
Une combinaison de plusieurs médicaments est en général nécessaire pour obtenir des guérisons à long terme.
Affligeant car il présente comme nouveauté due à l’imagination d’une petite fille une découverte qui date de plus de 50 ans, montrant ainsi à quel point certains journalistes reprennent des informations imprécises ou erronées sans analyse critique ni vérification de même que peut-être les chercheurs se contentent de la bibliographie récente, la littérature médicale ancienne étant considérée comme "ringarde", ou au minimum obsolète.
On dit aux patients qui souhaitent les traitements anciens et éprouvés qu’on veut les traiter avec des "médicaments du pauvre" dépassés…
C’est en 1963 que deux groupes de scientifiques, l’un Français travaillant chez Rhône-Poulenc l’autre italien travaillant chez Farmitalia, ont isolé indépendamment la rubidomycine A à partir de deux souches différentes d’une actinobactérie saprophyte fort commune le streptomyce.
Nommée Rubidomycine par les Français en raison de sa couleur rubis (le fameux produit "rouge" des patients ) et Daunomycine par les Italiens, elle fut unifiée en 1968 en Daunorubicine.
Elle a constitué l’un des premiers anticancéreux efficace dans les leucémies, les sarcomes et de nombreux autres cancers.
Dans les années 70 de nombreux autres antibiotiques anticancéreux ont été découverts et mis sur le marché qu’il s’agisse de l’Actinomycine D, de la Mitomycine C, de la Plicamycine, ou de la Bléomycine.
En 1980 la synthèse de doxorubicine à partir de la daunorubicine a été réalisée et brevetée.
Plus récemment, en 2011, un autre antibiotique, la Tautomycetin, également isolée à partir de streptomyce et connue pour ses fonctions immunosuppressives a été proposée comme possible anticancéreux à l’issue de recherches menées par des chercheurs de l'École de médecine de l'Université de l'Indiana.[1]
Il est donc difficile de croire la fable d’une fillette de 8 ans suggérant à son père cancérologue de surcroit, de penser à tester les antibiotiques comme anticancéreux.
A quels types de changement dans les traitements ces recherches pourraient-elles conduire ?
Pourrait-on un jour ne traiter certains cancers que via des antibiotiques ?
Si oui, à quelles conditions ?
Il serait très intéressant que de nombreux autres antibiotiques courants soient efficaces comme anticancéreux.
Mais cela est peu vraisemblable car la plupart des malades cancéreux présentent un jour ou l’autre une infection traitée par antibiothérapie et il est difficile d’imaginer qu’aucun médecin n’ait observé cet effet sur leurs patients cancéreux ainsi traités.
Quelques histoires "de chasse" fleurissent ça et là sur quelques observations ponctuelles de cancer ayant disparu à l’occasion d’une lourde maladie infectieuse et ce dès avant l’utilisation des antibiotiques.
Le lien entre infection sévère et cancer n’a pas fini de révéler tous ses mystères mais étant donné la fréquence des cancers et des infections et le large usage des antibiotiques, si une relation régulière existait il est peu probable que les cliniciens l’aient laissée passer.
Quoiqu’il en soit toute hypothèse scientifique susceptible de progrès mérite vérification et on ne peut que l’encourager.
Cela invite une nouvelle fois à demander aux médecins d’être à l’écoute clinique de leurs patients et de leur vécu.
De grandes découvertes ont ainsi parfois vu le jour pour certains médicaments donnés dans une indication et guérissant le patient d’une maladie associée .
Les traitements actuels du cancer sont très lourds.
Quels seraient les bénéfices pour les malades de traitements davantage centrés sur des antibiotiques ?
Et les limites ?
Il n’est pas réaliste de croire qu’on pourra un jour guérir tous les cancers par les antibiotiques, comme d’ailleurs par n’importe quel autre type de traitement unique.
Il n’y a pas un cancer mais de très nombreux cancers différents et de plus le cancer s’adapte ; il prend un itinéraire bis si vous lui coupez son chemin habituel .
De plus chaque malade est différent et réagit différemment aux traitements qu’on lui inflige.
Et les cellules cancéreuses exposées à n’importe quel traitement développent souvent des capacités de résistance inattendues, illustrant l’éternel dilemme du glaive et du bouclier.
L’expérience des 50 dernières années démontre qu’on ne guérit presque jamais un cancer par une seule drogue et que les protocoles efficaces associent différentes classes de médicaments le plus souvent couplées à des traitements locaux chirurgicaux ou de radiothérapie.
On n’est donc pas près d’abandonner les anticancéreux anciens qui ont fait la preuve de leur utilité.
Mais leur adjoindre de nouveaux agents serait très utile.
Comment expliquer que cette piste n'ait pas davantage été explorée ?
Le manque d’intérêt des recherches valorisant de vieux produits connus dans de nouvelles indications est principalement d’origine financière.
Depuis les années 1990 la recherche médicale publique a été globalement abandonnée.
Peu de recherches fondamentales sont encore financées par les États et l’objectif a été fixé de façon prioritaire sur les seules recherches applicables rapidement, le plus souvent confiée aux entreprises privées.
De par leur gouvernance financière ces entreprises ne s’intéressent qu’aux nouveautés brevetables qui pourront être commercialisées sans concurrence à un prix maximum.
Prouver qu’une molécule tombée dans le domaine public est efficace ne les intéresse pas car elle constituerait alors un concurrent redoutable à leur dernier né, éventuellement moins efficace mais susceptible de leur rapporter de l’or.
Nous avons personnellement souffert de cette opposition du lobby des "big pharma" dans nos travaux sur l’ostéosarcome.
Nous avons en effet démontré qu’en utilisant de manière optimale une association de drogues anciennes nous pouvions guérir 90% des malades vus pour une maladie localisée.
Mais au lieu de vérifier nos travaux et de tenter de les reproduire (ce qui constitue l’attitude scientifique logique lorsqu’il n’existe pas de conflits d’intérêts) la communauté scientifique a erré d’essais en essais avec des taux de guérison qui ne s’améliorent plus depuis 30 ans et plafonnent à des taux au moins inférieurs de 20 à 30 % aux schémas classiques.
Enfin regrettons ensemble que l’hégémonie du plan cancer 2014 imposé par l’État oriente voir impose le diagnostic et le traitement des cancers uniquement sur la recherche de mutations génétiques et de leur traitement par les molécules dites innovantes financées par la sécurité sociale à 100 % alors qu’elles sont en essai .
Ceci bloque les autres voies de recherche dans le domaine du cancer tant par exemple de ce que nous venons d’évoquer pour les antibiotiques mais aussi beaucoup d’autres pistes dites métaboliques pour lesquelles les substances potentiellement efficaces sont sur le marché depuis des décennies pour d’autres indications et donc inintéressantes sur le plan financier.
[1] Chemistry and Biology 28 janvier 2011).
http://www.atlantico.fr/
Quels seraient les bénéfices pour les malades de traitements davantage centrés sur des antibiotiques ?
Et les limites ?
Il n’est pas réaliste de croire qu’on pourra un jour guérir tous les cancers par les antibiotiques, comme d’ailleurs par n’importe quel autre type de traitement unique.
Il n’y a pas un cancer mais de très nombreux cancers différents et de plus le cancer s’adapte ; il prend un itinéraire bis si vous lui coupez son chemin habituel .
De plus chaque malade est différent et réagit différemment aux traitements qu’on lui inflige.
Et les cellules cancéreuses exposées à n’importe quel traitement développent souvent des capacités de résistance inattendues, illustrant l’éternel dilemme du glaive et du bouclier.
L’expérience des 50 dernières années démontre qu’on ne guérit presque jamais un cancer par une seule drogue et que les protocoles efficaces associent différentes classes de médicaments le plus souvent couplées à des traitements locaux chirurgicaux ou de radiothérapie.
On n’est donc pas près d’abandonner les anticancéreux anciens qui ont fait la preuve de leur utilité.
Mais leur adjoindre de nouveaux agents serait très utile.
Le manque d’intérêt des recherches valorisant de vieux produits connus dans de nouvelles indications est principalement d’origine financière.
Depuis les années 1990 la recherche médicale publique a été globalement abandonnée.
Peu de recherches fondamentales sont encore financées par les États et l’objectif a été fixé de façon prioritaire sur les seules recherches applicables rapidement, le plus souvent confiée aux entreprises privées.
De par leur gouvernance financière ces entreprises ne s’intéressent qu’aux nouveautés brevetables qui pourront être commercialisées sans concurrence à un prix maximum.
Prouver qu’une molécule tombée dans le domaine public est efficace ne les intéresse pas car elle constituerait alors un concurrent redoutable à leur dernier né, éventuellement moins efficace mais susceptible de leur rapporter de l’or.
Nous avons personnellement souffert de cette opposition du lobby des "big pharma" dans nos travaux sur l’ostéosarcome.
Nous avons en effet démontré qu’en utilisant de manière optimale une association de drogues anciennes nous pouvions guérir 90% des malades vus pour une maladie localisée.
Mais au lieu de vérifier nos travaux et de tenter de les reproduire (ce qui constitue l’attitude scientifique logique lorsqu’il n’existe pas de conflits d’intérêts) la communauté scientifique a erré d’essais en essais avec des taux de guérison qui ne s’améliorent plus depuis 30 ans et plafonnent à des taux au moins inférieurs de 20 à 30 % aux schémas classiques.
Enfin regrettons ensemble que l’hégémonie du plan cancer 2014 imposé par l’État oriente voir impose le diagnostic et le traitement des cancers uniquement sur la recherche de mutations génétiques et de leur traitement par les molécules dites innovantes financées par la sécurité sociale à 100 % alors qu’elles sont en essai .
Ceci bloque les autres voies de recherche dans le domaine du cancer tant par exemple de ce que nous venons d’évoquer pour les antibiotiques mais aussi beaucoup d’autres pistes dites métaboliques pour lesquelles les substances potentiellement efficaces sont sur le marché depuis des décennies pour d’autres indications et donc inintéressantes sur le plan financier.
[1] Chemistry and Biology 28 janvier 2011).
http://www.atlantico.fr/
Nicole Delépine
Nicole Delépine était responsable de l'unité d'oncologie pédiatrique de l'hôpital universitaire Raymond Poincaré à Garches.
Fille de l'un des fondateurs de la Sécurité Sociale et thérapeute engagée, elle a récemment publié La face cachée des médicaments et Le cancer, un fléau qui rapporte.
http://www.2012un-nouveau-paradigme.com
NDLR : La guérison d'une maladie (le "Mal a dit") n'est pas qu'une question de médicaments ou de traitements, il faut agir aussi sur les causes environnementales (nourriture, pollutions, ondes…), mais surtout sur les causes psychologiques (le "Mal a dit") car de nombreuses maladies ont une origine psychosomatique (le psy agit sur le soma, c'est à dire sur le corps !).
Une vision globale est nécessaire pour un bon thérapeute, vous n'êtes pas seulement un organe ou un symptôme !
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